Avec un chiffre d’affaires 2017 de plus 1 M€, dont 50 % à l’export et 17 collaborateurs, cette société apporte des solutions innovantes aux chirurgiens orthopédiques et révolutionne le monde de la reconstruction osseuse. Nous vous invitons à découvrir l’histoire de cette MEDTECH et de ses produits avec Céline Saint Olive, sa directrice générale.

Noraker est une toute jeune société, mais elle a déjà une belle histoire, pouvez-vous nous la raconter ?

Dans les années 2000, le laboratoire MATEIS de l’INSA, reconnu pour ses recherches en biomatériaux optimise et brevette une technologie révolutionnaire pour la reconstruction osseuse : le verre bioactif. Noraker est créée en 2005 afin d’exploiter une licence exclusive de ce brevet. Noraker obtient le prix régional Novacité ainsi que le label Jeune Entreprise innovante. A cette époque, Noraker a besoin pour se développer d’un investisseur sur le long terme. Un fonds lyonnais créé par ma famille et dédié aux biotechs et medtechs décide alors de soutenir financièrement la société. Noraker a depuis décollé et gagne en parts de marché.

Qu’est-ce que le verre bioactif et comment ça marche ?

Le verre bioactif a des propriétés incroyables. Il faut savoir que l’os peut naturellement se reconstituer mais uniquement sur des zones limitées. Mélange de céramiques composé de silice et d’autres minéraux, le verre bioactif stimule les cellules souches et reconstruit progressivement l’os. Alors que la plupart des produits concurrents ne se dissolvent pas dans l’organisme, le verre bioactif est entièrement assimilé par les processus physiologiques. Il préserve le capital osseux sans le dégrader. Un avantage encore jamais égalé, un produit unique sur le marché qui est utilisé par de nombreux chirurgiens orthopédiques ou dentaires.

Quelle est votre stratégie de développement produit ?NORAKER

Depuis sa création, Noraker a une démarche R&D très active et a développé plusieurs gammes issues du verre bioactif. Il y a tout d’abord, les granulés, la formule originelle, puis depuis 2017, les « pâtes » qui se posent à la seringue et qui permettent une manipulation plus simple pour le chirurgien. Nous proposons également une gamme dédiée à la médecine du sport pour les problématiques de rupture des ligaments croisés du genou par exemple. Il s’agit de vis composées de verre bioactif qui vont permettre d’accrocher les nouveaux ligaments ou tendons. Et comme pour les granulés ou les « pâtes », il n’y a plus aucune trace de l’implant en quelques mois. Toutes nos gammes ont obtenu le marquage CE, un marquage réglementaire très exigeant et une reconnaissance importante pour nous.

Comment la recherche et développement est-elle organisée chez Noraker ?

Notre équipe R&D est constituée de deux personnes. Un chercheur qui a fait une thèse sur le verre bioactif et une ingénieure qui travaille sur le développement produit et la conception mécanique. Nous travaillons beaucoup avec des laboratoires externes sur le modèle de l’ « open innovation ». Un projet d’impression 3D pour les implants résorbables est par exemple en cours avec l’INSA et une vingtaine de partenaires européens. Par ailleurs, l’intérêt du matériau sur le ligament du genou ayant été largement prouvé, nous déployons la technologie sur d’autres besoins, dans le cadre d’un projet Instrument PME Horizon 2020, programme européen pour la recherche et l’innovation. Là aussi il s’agit d’une belle reconnaissance pour Noraker, en moyenne 8% des sociétés candidates sont retenues. Les lauréats verront leur projet financé à hauteur de 70% par l’UE.

Que pensez-vous de la montée en puissance de la réglementation et aux normes ?

Tout d’abord, l’environnement réglementaire est un enjeu fort pour nous. Il se rapproche de celui de la pharmacie en devenant de plus en plus strict. Nous avons déjà anticipé ces changements en créant une équipe de 3 personnes dédiée aux aspects réglementaires, et nous sommes donc parfaitement armés pour faire face à ces nouvelles normes. Pour intégrer les nouvelles exigences réglementaires, les MEDTECH doivent redéfinir leur stratégie et intégrer des temps et des coûts de développement et de mise sur le marché bien plus importants. Mais c’est aussi un gage de qualité et un facteur de différenciation important pour nos technologies. C’est notamment le cas de notre technologie pour reconstruire les ligaments et les tendons, qui n’a pas d’équivalent aujourd’hui au niveau mondial.

Quelle approche pour votre développement commercial ?

Le produit a largement séduit les chirurgiens orthopédiques et dentaires en France et à l’étranger, en Europe, au Moyen Orient et en Amérique du Sud. Nous devons nous donner les moyens de jouer dans la même cour que nos concurrents, des entreprises américaines avec beaucoup de moyens, tout en conservant notre indépendance. Nous commercialisons nos produits via des agents mais aussi des distributeurs qui ont une carte à jouer en se distinguant sur le marché avec une offre de produits de niche, des produits innovants.
Nous nous ouvrons également aux autres industries et cherchons à créer des ponts avec les fabricants de prothèses ou d’implants orthopédiques qui pourraient proposer à leurs clients des compléments de gamme. Nous développons avec eux une relation de business qui peut aboutir à des développements produits.

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*Research and Innovation Staff Exchange