Une Ecole de Production c’est une autre voie pour se former. Une voie qui accueille les jeunes en difficulté pour en faire des professionnels avec des savoir-faire et des savoir-être. Une voie qui met l’apprentissage directement dans l’école. Rencontre avec Daniel CHAMBODUT, le directeur passionné et passionnant de l’école Gorge de Loup.

Qu’est-ce qu’une Ecole de Production ?

Une Ecole de Production offre une autre voie pour se former. Une voie qui concilie les avantages de l’école et de l’entreprise. Et à la différence des centres de formation classiques, les élèves apprennent en travaillant sur des commandes réelles d’entreprises. C’est l’apprentissage en l’alternance mais sur un seul lieu, l’école ! Ce système permet aux jeunes d’être plus proches des entreprises et de mieux les comprendre. Il les prépare à une meilleure intégration. Ces écoles sont de plus en plus nombreuses. Il y en a 25 aujourd’hui en France, contre 12 écoles il y a 10 ans. Ce sont des écoles hors contrat, à scolarité gratuite. Elles sont reconnues par l’Etat depuis 2006. Les élèves passent des diplômes de l’éducation nationale et les examens sont surveillés par l’éducation nationale. En termes de fonctionnement, elles sont financées à hauteur d’un tiers par les subventions de la région, un tiers par la taxe d’apprentissage et un tiers par les revenus issus des commandes des entreprises.

Encadré Une école avec une forte dimension socialedav

La première Ecole de Production a été créée à Lyon en 1881 par le Père Louis Boisard, un prêtre ouvrier. L’école formait à l’époque des menuisiers, des sabotiers, des tonneliers. Il s’

agissait d’une école hors norme. Le Père Louis Boisard recrutait ses élèves parmi des orphelins de Lyon pour les sortir de la rue. C’est de cette volonté que vient la dimension sociale des Ecoles de Production.

L’Ecole Gorge de Loup forme des jeunes qui ont choisi l’industrie, quels sont les métiers auxquels vous les formez ?

Nous proposons 3 formations, le CAP Conducteur Installations de Production, le BAC PRO Technicien d’Usinage et une certification Opérateur Régleur sur machines à commandes numériques. Sur 36 heures par semaine, les élèves passent 2/3 de leur temps sur la pratique et 1/3 sur la théorie. En lycée professionnel, c’est 8 heures de pratique par semaine ! 5 maîtres professionnels et 1 chef d’atelier assurent la formation et suivent les élèves. Nos maîtres professionnels, anciens élèves eux-mêmes ont travaillé entre 10 et 20 ans en entreprise et ont tous été chefs d’atelier. Il faut être « nés » dans ces écoles pour pouvoir y travailler.

Cette année, nous formons 47 élèves sur 4 sections, 2 CAP et 2 BAC PRO. Avec 4 années de formation (deux années en CAP puis deux années en bac pro), ils détiennent les bases du métier.

Et les résultats sont là ! 100% de réussite en CAP et Bac pro depuis 9 ans et 100% de placement après. Je pourrais même dire 400% de placement, car pour chaque jeune, j’ai 4 offres d’emploi. Les entreprises, recherchent des jeunes avec les bases du métier mais surtout du savoir-être.

D’ici à 3 ans, j’aimerais avoir 58 élèves et dédoubler une section pour préparer au CAP CIP, Conducteur d’Installation de Production, en mécanique d’usinage. Nous avons déjà les locaux adaptés dans lesquels nous sommes installés depuis septembre.

Quel est le profil des jeunes qui entrent à l’Ecole Gorge de Loup et comment se déroulent leur recrutement et leur formation ?

En général ce sont des jeunes en difficulté scolaire, des mineurs isolés, des jeunes en foyer, mais il y a aussi des jeunes de niveau social plus aisé. Notre recrutement ne tient pas compte des notes scolaires. Après un premier entretien, nous proposons un stage découverte d’une semaine. Puis, ils doivent s’engager. Nous jouons la transparence en leur expliquant ce qui est facile et ce qui est difficile dans le métier qu’ils ont choisi. Ce que nous recherchons, c’est la motivation. Une fois dans l’école, notre première exigence sera le respect du règlement à la lettre et sans concession. La ponctualité est également à l’ordre du jour, 7h30 le matin ce n’est pas 7h32 ! L’objectif est de leur faire comprendre qu’il y a des règles qui s’appliquent partout et notamment dans les entreprises. Et puis, pour faciliter les apprentissages, nous adaptons les formations selon les niveaux. Enfin, ils ont tous le même bleu de travail, car ici, le niveau social n’existe plus, qu’on soit fils de médecin, d’éboueur, de personne au chômage ou sans parents, on est tous pareils, on fait tous le même travail. Et puis la notion d’équipe et de famille est fortement développée. Si on veut les faire progresser, il faut les connaitre, les soutenir, les faire grandir aussi bien en savoir être, qu’en savoir-faire.

En savoir plus