Et si c’était le bon moment pour former ses collaborateurs ? Dans le cadre de la crise, le dispositif FNE-Formation a été renforcé temporairement. Il permet la prise en charge des coûts pédagogiques des formations des salariés en activité partielle. Pour ACMR, spécialisée dans l’usinage sur commandes numériques et traditionnel, c’est une véritable opportunité. L’entreprise va faire monter en compétence pour un investissement minime, près de 15 collaborateurs avec une ambition : anticiper sur l’avenir. Echange avec Nicolas du Merle, le dirigeant d’ACMR.

Comment ACMR traverse-t-elle cette crise sanitaire et économique ?

Quand l’épidémie a frappé le pays, notre volonté était de maintenir à tout prix l’activité et de rester présents vis-à-vis de nos clients, de nos fournisseurs mais aussi de nos collaborateurs. C’était très important d’un point de vue psychologique, la vie devait continuer. Les mesures sanitaires ont été mises en place immédiatement. Nous avons communiqué activement en interne pour impliquer largement nos collaborateurs. La santé et la sécurité de chacun, c’est l’affaire de tous ! Parallèlement, pour avoir le maximum d’air, nous avons activé les dispositifs d’aide : activité partielle, PGE, report de charges…

Côté activité, beaucoup de nos clients et fournisseurs avaient fermé mi-mars, le niveau de chiffre d’affaires était alors à 30 % de 2019. Nous avons mis en place une seule équipe au lieu des deux habituelles avec 30% des effectifs et réintégré tout ce qui  était possible. Fin avril, les clients ont commencé à réouvrir et dès le mois de mai, nous étions à 70% du CA 2019 puis à 80% en juin. L’effet rattrapage nous permet d’avoir un carnet de commandes plein pour le court terme avec des équipes pratiquement complètes.

Vous allez faire appel au dispositif FNE-Formation pour faire monter en compétences certains de vos collaborateurs. Pourquoi cette décision ?

Nous avions commencé à monter un projet de formation depuis longtemps déjà mais nous n’avions pas encore eu l’occasion de le concrétiser. Cette période était le bon moment pour le faire. Nos collaborateurs sont en activité partielle, leurs salaires sont pris en charge par l’Etat et le dispositif FNE-Formation finance les coûts pédagogiques. Au final, le coût est quasiment nul pour l’entreprise.

Nous allons former une quinzaine de collaborateurs, des programmeurs régleurs, à l’outil de Fabrication Assistée par Ordinateur. Aujourd’hui, seules 3 personnes chez ACMR sont autonomes sur ce logiciel. Nous allons également former quelques collaborateurs de fonction d’appui au logiciel Excel. La formation sur l’outil de programmation se déroulera dans nos locaux et la formation à Excel se fera à distance. Et la production étant prioritaire, le planning de formation sera adapté à notre charge de travail…

Quels bénéfices pour votre entreprise ?

Pour moi, ces formations ont un double bénéfice. Dans cette période d’incertitude, il est important d’envoyer des messages positifs aux collaborateurs pour les motiver. L’entreprise leur montre ainsi qu’elle croit en l’avenir. C’est un message fort. Et pour l’entreprise, comme les mois qui viennent s’annoncent compliqués, il nous faut gagner en polyvalence et en performance pour être prêts au moment du redémarrage et pour rester dans la course. En plus, l’investissement est minime.

Quelles sont les perspectives d’ACMR ?

Notre difficulté, comme toutes les entreprises, c’est le manque de visibilité. Beaucoup de nos clients, sont internationaux et les marchés restent incertains. Nous ne pouvons qu’imaginer des scénarios. L’idéal pour nous serait de pouvoir anticiper le départ à la retraite de quelques collaborateurs, prévu dans l’année. Nous pourrions embaucher leurs remplaçants, en particulier des apprentis, pour préparer les compétences dont l’entreprise va avoir besoin lors de la reprise. Ainsi, les anciens, qui ont souvent eu des vies difficiles pourraient partir plus tôt et nous pourrions accueillir des jeunes qui, aujourd’hui, sont sur le carreau. Tout dépendra des dispositifs d’aides à l’emploi qui seront décidés par l’Etat. Pour moi, les entreprises devraient être accompagnées sur les départs en retraite et les embauches afin de minimiser le recours à l’activité partielle. C’est une façon de préparer l’avenir avec des collaborateurs formés et prêts à travailler dans quelques mois.

 

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