Mardi 27 mars, à l’occasion de la semaine de l’industrie, les entreprises étaient invitées à partager leur expérience autour des certifications professionnelles (CQPM*). Ce dispositif qui fête ses 30 ans en 2018, se révèle un excellent levier pour répondre aux enjeux de recrutement et de développement des compétences. Retour sur cette conférence passionnante.

Reconnaitre les compétences professionnelles

Le nombre de CQPM délivrés progresse chaque année de 15 %. Un chiffre qui démontre la pertinence d’un dispositif qui répond à des enjeux de recrutement et de développement des compétences. Une certification professionnelle, c’est la reconnaissance de la maitrise d’une compétence professionnelle. Elle va permettre l’accès à un emploi ou l’adaptation à un nouveau poste de travail. Elle contribuera également aux évolutions professionnelles et au développement des savoir-faire. Pour Ahmed Ben Mansour, responsable Ressources Humaines de JTEKT et Président du Jury de délibération Paritaire CQPM. « Les CQPM permettent de valider les acquis, sans forcément passer par un parcours de formation traditionnel. La validation est faite en situation réelle, au poste de travail. C’est la richesse du dispositif. ». JTEKT, leader européen sur le marché des directions assistées est très impliqué dans le dispositif CQPM qu’il utilise depuis 12 ans. Avec une proportion importante de collaborateurs en production, l’entreprise fait notamment appel aux CQPM sur les fonctions d’auto-régleurs pour lesquels il n’existait pas de formation ad hoc.

Former à des métiers spécifiques

L’entreprise Mersen, expert en protection électrique emploie sur son site de St Bonnet de Mure, 359 salariés. En 2013, les unités de production sont découpées en ZAP « Zone Autonome de Production », avec la création de la fonction de leader qui coordonne et anime une équipe. Le management est transversal et sans positionnement hiérarchique. Le CQPM Animateur d’équipe autonome de production est identifié pour accompagner les potentiels de ces leaders et un parcours de 6 mois élaboré pour préparer à la prise de poste. Des tuteurs volontaires accompagnent les futurs leaders, dans leurs parcours de développement des compétences en vue d’atteindre cette certification. Céline Garrido, RH en charge du pilotage de la formation chez Mersen explique : « Il est important de communiquer avec les salariés pour démystifier le CQPM souvent connoté « école », mais une fois le CQPM obtenu, ils sont très fiers. Et puis la certification les engage tout en leur offrant une meilleure employabilité. Et de notre côté, nous sommes assurés d’une meilleure fidélisation.»

Répondre aux besoins de sur-mesure

Quand il n’existe pas de CQPM pour un métier spécifique, il est possible de le concevoir sur mesure. C’est ce qui a été fait pour répondre au besoin de compétences REEL, un groupe industriel spécialisé dans les systèmes de levage et de manutention complexes. Aucun cursus professionnel standard ne préparant aux métiers du levage, l’entreprise a créé son école interne en 2011. En 2014, elle fait appel aux CQPM pour des formations mécaniques et électriques avec un objectif : la polyvalence des techniciens de maintenance. Aurélie Pouzols, responsable formation chez Reel, accompagnée de Monsieur EMONET, expert levage, précise : « Deux CQPM ont été retenus à l’époque, agent de maintenance matériel de manutention et opérateur de maintenance industrielle. Un troisième CQPM a été créé spécifiquement : technicien de maintenance matériel de levage. Et, autre avantage de ces CQPM, ils permettent d’anticiper les futurs départs à la retraite et de préparer la relève.». Il faut savoir que les certifications développées sur mesure sont conçues pour répondre également aux besoins d’autres entreprises.

Pallier la pénurie de compétences

Sandvik, leader mondial des machines d’exploitation minière est une entreprise suédoise. Son site à Meyzieu emploie 177 collaborateurs et 60 contrats temporaires. La spécificité de son activité : la fluctuation des commandes en fonction du cours en bourse des métaux précieux. Après une période de sous-traitance intense, l’entreprise choisit de ré-internaliser son activité montage, entrainant un fort besoin de recrutement. David CHOSSEGROS, Responsable production témoigne « le recrutement était assez fluide jusqu’en septembre dernier, où nous nous sommes retrouvés face à une pénurie de compétences, notamment sur le métier de mécanicien hydraulicien sur lequel nous avions des besoins spécifiques. Après avoir tenté de diversifier les sources de recrutement, nous nous sommes lancés dans un Programme de partenariat avec l’institut des ressources industrielles sur les CQPM. Notre objectif : recruter 8-10 personnes et leur faire passer un CQPM sur une durée de un an. Le dispositif est en cours aujourd’hui. »

En 2017 plus de 14000 certificats ont été délivrés pour un taux de réussite proche de 90%. Pour toute action menant à un CQPM l’entreprise peut contacter son Adefim pour connaitre les possibilités de financement.

Chiffres clés :
• 184 CQPM
• 19 domaines
• 110 000 CQPM délivrés en 30 ans
• + 17% en 2017
• 700 certifications par an, à Lyon