Plus de 12 millions de Français sont actuellement en activité partielle.  Si ce dispositif permet de limiter les conséquences économiques de la crise sanitaire, il fait aussi émerger la nécessité d’un dialogue social fort et constructif.  Renault Trucks, Aldes ou encore REEL ont signé des accords de solidarité afin de tendre vers une rémunération équitable à tous leurs salariés tout en préservant l’avenir de l’entreprise.

Activité partielle et inégalité sociale

Le chômage partiel avait déjà montré en Allemagne ses effets positifs lors de la crise de 2008. Il se révèle aujourd’hui un dispositif précieux pour nos entreprises et notre économie.  Il est plus que jamais un instrument clé dans la gestion de la crise actuelle du Covid-19. Ce dispositif permet aux entreprises de maintenir le lien avec leurs salariés. Mais aussi de préserver les compétences dont elles ont besoin. Il assure ainsi les meilleures conditions possibles d’une reprise post-crise. Cependant, sa mise en place a pu faire émerger des inégalités de traitement entre les salariés.

En s’appuyant sur un dialogue social constructif, certaines entreprises industrielles se sont attachées à les combattre. Elles ont donc impulsé des accords de solidarité avec les salariés et leurs syndicats. Des PME comme Maviflex, ou de plus grandes entreprises comme EFI Automotive, Aldes, Renault Trucks ou encore REEL ont pris le contre-pied d’une disposition de l’accord de branche de la métallurgie de 1998. Elles ont mis en place un système de rémunération plus égalitaire.

Appel à solidarité au sein des entreprises

Le Groupe ALDES, 1400 salariés acteur international de la ventilation et du chauffage, a vu son activité baisser de 30% en mars et de 85% en avril. Suite à la mise en place de l’activité partielle, représentants du personnel et direction du groupe ont travaillé ensemble à la création d’un fonds de solidarité. Ceci afin de compenser tout ou partie de la perte de rémunération des salariés en activité partielle… Sur la période du 16 mars au 31 décembre 2020, un collaborateur du groupe peut renoncer anonymement et sans contrepartie à des jours de repos ou des jours de congés payés, au bénéfice du fonds de solidarité.

De son côté, Renault Trucks, a dû interrompre dès le 17 mars l’activité de ses 4 usines françaises et faire appel au chômage partiel pour une grande partie de ses 4500 salariés. La direction et les organisations syndicales ont alors défini des mesures exceptionnelles. Un accord a été signé 14 avril pour assurer une indemnisation équitable des salariés. Les cadres au « forfait jour » placés en chômage partiel ont le choix de donner des jours de repos. Mais aussi de maintenir leur rémunération ou de baisser leur rémunération nette, passant de 100% à 92%. Ce qui permet aux ouvriers et techniciens, eux-aussi en chômage partiel, de voir leur salaire net augmenter, passant de 84% à 92%. A la contribution solidaire des salariés s’est ajoutée celle de l’entreprise à hauteur de 8 % de la masse salariale.

REEL, groupe international spécialisé dans les systèmes de levage et de manutention complexes est présent avec 2300 collaborateurs sur 4 continents. Le groupe vient de signer avec les organisations syndicales un accord de solidarité équilibré qui répond à toutes les préoccupations des salariés. Cet accord, entre autre, lisse l’indemnité d’activité partielle pour tous les collaborateurs à 80 % du brut grâce à la mise en place d’un fond de solidarité basé sur des dons de jours de congés des salariés. Un abondement de 50 % de l’employeur a également été intégré.

Construire le monde d’après en cultivant le dialogue social

Les accords solidaires initiés par toutes les entreprises industrielles démontrent la nécessité de cultiver le dialogue social. Grace à lui, les entreprises deviennent de véritables laboratoires d’innovation sociale. Facilitateur de la reprise, il contribue à la construction collective du monde de demain dans la solidarité et la confiance.