« Le goût du travail bien fait est inné, mais bien travailler s’apprend ! … » Jean-Luc Bertholon, dirige C2TS, entreprise spécialisée dans la fabrication d’équipements chaudronnés et de réseaux de tuyauterie. Il a la passion de la transmission. Il témoigne, accompagné d’Alexis Molinero, son apprenti en BAC Pro au CFAI de l’AFPM mais aussi Meilleur Apprenti de France dans sa catégorie en 2017.

Jean-Luc Bertholon, d’où vous vient cette passion de la transmission ?

J’ai démarré dans la vie active à 16 ans, grâce à l’apprentissage avec une formation de CAP Chaudronnier Soudeur à l’AFPM. C’était formidable pour moi, beaucoup de pratique, peu d’enseignement général. Ensuite, j’ai évolué dans différents secteurs, le ferroviaire, l’aéronautique, la chimie. Puis en 2002 j’ai décidé de créer ma propre entreprise, C2TS à BRIGNAIS, spécialisée dans les ensembles chaudronnés et les réseaux de tuyauterie. Je suis passionné par ce que je fais et j’ai toujours envie de transmettre. J’ai partagé avec beaucoup de stagiaires ou d’apprentis mes connaissances, mon savoir-faire. Notre métier est exigeant, mais gratifiant et la formation y est essentielle.

Pourquoi avoir choisi de transmettre à Alexis Molinero ?

Lorsque je recrute un apprenti, je suis vigilant sur sa motivation, le respect, la façon dont il se présente, sa posture. En général, on discute beaucoup et on trouve un accord. Un apprentissage, c’est une rencontre. Et je ne me suis pas trompé avec Alexis. Il a une bonne base professionnelle, il est curieux, volontaire, il regarde ses collègues faire et il reproduit, c’est l’apprenti idéal. Il est particulièrement doué. Ce n’est pas pour rien s’il a reçu autant de récompenses : lauréat au Concours Général des Métiers 2017, Meilleur Apprenti de France dans sa catégorie en 2017 et trophée d’Honneur de l’Apprentissage Industriel 2017.

Alexis Molinero, pourquoi avoir choisi l’entreprise C2TS pour passer votre bac pro ?

J’avais envie de découvrir une nouvelle activité, un nouvel univers professionnel. Lors de mon dernier poste, j’avais touché un peu à tout, mais le poste n’était pas très exigeant. Ici les projets sont motivants et d’un autre niveau. On travaille notamment pour des chantiers de centrales nucléaires, sur le procédé de refroidissement. C’est très intéressant. C’est plus technique avec des contrôles rigoureux sur la préparation, le soudage et le dimensionnel final..

Et qu’est-ce qui vous plait dans ce poste ?

Ce que j’aime ici, c’est la confiance qu’on me porte. J’ai tout de suite réalisé des pièces importantes, de A à Z et en toute autonomie, sans chef d’atelier derrière moi. Je retiendrai également la convivialité, l’accueil, l’intégration et la relation avec le patron très accessible. C’est un collègue comme un autre. Si j’ai quelque chose à lui dire c’est facile. Et puis, je préfère les petites entreprises aux grosses. J’aime bien l’ambiance famille.

Jean-Luc Bertholon, quelles sont les conditions de réussite d’un apprentissage ?

Ce qui est important, c’est l’autonomie. Ça incite à la découverte et à la formation. J’ai toujours donné des pièces complètes à fabriquer à mes apprentis, avec le droit à l’erreur bien sûr ! C’est quand on se trompe qu’on apprend le mieux. Pour mes premiers apprentis, je suis souvent resté très tard le soir pour refaire un travail qui avait été mal fait. Ça les obligeait à se mettre un peu la pression, ça m’a couté en temps et en matière, mais le résultat était là ! Et c’est gratifiant.

Et vous, Alexis, qu’en pensez-vous ?

Côté apprenti, le plus important c’est la motivation, aimer ce que l’on fait ! Ça vaut le coup de se lancer, mais il faut être motivé. Il faut choisir cette voie par passion et non pas par défaut. Nos métiers ne sont pas des voies de garage. Non seulement ces apprentis perdent leur temps, mais ils font perdre leur temps à ceux qui veulent y arriver.

Aujourd’hui la Réforme de l’Apprentissage est engagée, Jean-Luc Bertholon, qu’en attendez-vous ?

On a déporté sur les entreprises ce que les jeunes n’apprennent plus à l’école, c’est-à-dire la pratique. Du coup beaucoup d’apprentis n’ont pas le niveau. Les programmes sont davantage adaptés aux grandes entreprises qu’aux petites où on a besoin de polyvalence. Il faut revoir les programmes. Et puis j’attire l’attention sur le numérique qui forme une véritable barrière avec la réalité. Les jeunes ont du mal à se projeter dans la réalité et à s’adapter aux exigences de la fabrication. Par exemple, l’apprentissage du traçage, essentiel dans la chaudronnerie est beaucoup plus efficace dans la réalité que dans le virtuel.

Jean-Luc Bertholon, comment répondez-vous aux enjeux de recrutement ?

Aujourd’hui on a vraiment du mal à trouver de bons professionnels. Pour avoir des pros, il faut débaucher en visant plutôt les 35 -40 ans avec le salaire qui va avec. Quant aux jeunes, on arrive difficilement à les garder. Ils ont envie de changer souvent. Et puis, j’ai arrêté l’intérim. Ceux qui sont très bons sont déjà en poste et avec des salaires très élevés, ce qui est tout à fait normal. Je travaille plutôt sur la fidélisation de mes collaborateurs. J’ai développé une culture d’entreprise familiale, en privilégiant l’autonomie. Mon objectif, c’est de produire de la qualité dans la confiance et pas du résultat financier à tout prix. C’est un état d’esprit et ma fierté c’est de dire que l’entreprise fait vivre plusieurs familles.

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