MIRIMA fêtera ses 60 ans en 2018. Reprise en 2015 par Isabelle Vray – Echinard, cette PME lyonnaise conçoit et fabrique du mobilier technique et ergonomique en petites et moyennes séries et sur mesure. Le fameux siège tracteur Faucheuse, produit de renommée internationale, fait partie de ces produits 100% technique et 100% fabrication française. Un ADN revendiqué par sa dirigeante qui associe tradition et innovation technique.

Comment MIRIMA a-t-elle percé sur des marchés aussi différents que le design, le médical ou l’industrie ?

MIRIMA a été fondée par un ingénieur et deux médecins qui ne trouvaient pas de mobiliers adaptés à leur activité. Ils avaient besoin de tables et de chaises qui se règlent à des hauteurs non standard. Dès les premières années, l’entreprise a déposé de très nombreux brevets, toujours en exploitation aujourd’hui. Son élément de différenciation ? le brevet de fabrication d’un vérin mécanique télescopique pour régler au millimètre près la hauteur d’une table ou d’une chaise. Une innovation clé qui a contribué à améliorer les postures de travail dans de nombreux métiers, notamment dans l’industrie où l’on travaille souvent en posture debout ou avec des hauteurs d’assise non standard, avec un fort niveau de pénibilité qui peut engendrer des TMS*.

photo IVE (1)Quelle stratégie avez-vous choisi pour relancer l’entreprise ?

Quand j’ai repris l’entreprise en 2015, elle évoluait depuis les années 70 quasi exclusivement dans l’univers de la décoration. La création de son iconique siège tracteur l’avait fait basculer dans le monde du design, l’éloignant progressivement de l’innovation technique. Or, la technique fait partie intégrante de l’ADN de MIRIMA. Je me suis donc attachée à réactiver les savoir-faire techniques de son marché originel, à savoir l’univers médical, un monde très encadré, très normé, très spécifique. Puis j’ai redéployé notre activité vers l’univers industriel et technique. Ce sont aujourd’hui 2 marchés phares, MIRIMA Médical et Industrie & Techniques qui viennent en complément de notre offre « Design Collection ». Nos produits ont une durée de vie de 35 à 40 ans, nous avons des clients très fidèles à la marque mais qui renouvellent peu leur mobilier en raison de sa longévité

Comment abordez-vous l’innovation ?

Nous poursuivons la politique d’innovation qui a été initiée par ses créateurs avec un fort investissement et deux principes, l’observation et la capitalisation. Nous avons réétudié tout ce qui avait été réalisé depuis l’origine. Enormément d’innovations avaient été oubliées. Sur les 800 modèles créés, il a fallu faire le tri grâce à un travail d’écoute auprès des utilisateurs.
Auparavant, le bureau d’études travaillait seul sur les innovations. Aujourd’hui l’équipe de production est associée à la conception des prototypes. Puis, ceux-ci sont systématiquement testés en conditions réelles, sans aucune bienveillance pendant plusieurs semaines auprès de personnes qui ne nous connaissent pas. Ainsi, nos modèles sont éprouvés techniquement et réfléchis en amont quant à la faisabilité technique et au prix de revient. Nous entretenons également ce principe de coopération avec nos cotraitants et nos fournisseurs qui sont de véritables parties prenantes pour une TPE comme la nôtre.

Quel est votre facteur clé de succès ?

Le mobilier standard sur le marché ne répond pas aux critères d’usage, de morphologie et d’’ergonomie exigés et beaucoup de situations, d’environnements et d’utilisateurs ne trouvent pas de solution dans les réponses du marché standard . On nous consulte souvent pour du sur-mesure. Nous avons la capacité de prendre en compte les hauteurs d’utilisation, les conditions de travail, la morphologie des personnes, à la recherche d’une ergonomie d’usage mais aussi de fonctionnalité. Notre objectif est d’optimiser les rapports de l’homme avec son environnement. Par exemple, l’an dernier, nous avons travaillé pour une entreprise dont 2 collaborateurs en production avaient déclaré une inaptitude physique partielle. Nous avons analysé les postures de travail, les morphologies et les problématiques physiques des collaborateurs et avons proposé des modèles spécifiquement adaptés. Aujourd’hui, nous proposons plus d’une centaine de modèles déposés tous univers confondus et 30% de notre CA est réalisé sur du sur- mesure.

Quels sont vos prochains enjeux ?

Nous venons de racheter Classhotel. Complémentaire à MIRIMA, cette entreprise a le même ADN : 100% technique et 100% fabrication française. Elle crée et fabrique du mobilier de service pour l’hôtellerie et la restauration. Notre objectif est de mutualiser nos savoir-faire, permettant ainsi à MIRIMA de se positionner sur le marché de l’hôtellerie et de la restauration et à Classhotel d’investir les marchés industriel ou médical. Notre 2ème enjeu fort est de préserver les savoir-faire de nos collaborateurs dont la moyenne d’âge est de 53 ans, des gestes professionnels très particuliers. Nous voulons formaliser ces savoir-faire avec eux pour pouvoir les transmettre à de nouveaux collaborateurs, tout en conservant l’esprit de la production. Enfin, je veux garder un pied dans le design et nous venons de développer avec Nathalie Chaize, créatrice de mode lyonnaise de renom, une nouvelle collection de mobilier. Un cobranding qui associe deux marques pour un enrichissement mutuel de leurs savoir-faire.

* TMS : troubles musculo-squelettiques