Depuis près de 20 ans, Anne-Sophie Panseri (Présidente de Maviflex) codirige avec son frère Romain SIMON l’entreprise Maviflex, spécialisée dans la fabrication de portes souples industrielles. A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, elle témoigne sur son parcours et ses engagements.

Comment avez-vous décidé de devenir chef d’entreprise ?

J’ai grandi dans un univers entrepreneurial très fort, cela a certainement joué. Je suis entrée dans le groupe familial en 1989. Quand j’ai racheté la division « Portes », j’avais passé plus de 10 ans à construire une relation avec mes futures équipes, et la production était devenue une passion. Le repreneur du groupe n’était pas intéressé par l’univers de la porte, et c’était pour moi une évidence qu’il fallait que nous continuions cette aventure. Aujourd’hui, Maviflex compte 84 collaborateurs, pour une chiffre d’affaires de 22M€ et 17% de croissance en 2017. ( Groupe familial : 27 millions et 150 collaborateurs )

Vous êtes présidente nationale du réseau Femmes Chefs d’Entreprise. Pouvez-vous nous parler de ce réseau, et de ce qui motive votre engagement ?

Je suis engagée dans ce réseau depuis 2006, et j’y suis particulièrement attachée. Il rassemble près de 2000 membres, dont 1400 femmes propriétaires de leur entreprise. Nous venons de tous les univers, notamment du service et de l’industrie, ce qui permet une grande richesse d’échanges.

Notre slogan est « seules nous sommes invisibles, ensemble nous sommes invincibles » ! FCE met en visibilité des « rôles modèles », des femmes inspirantes qui vivent l’expérience de l’entrepreneuriat et prennent la parole sur leur parcours, leurs engagements, l’aide qu’elles ont pu recevoir. Partager leur histoire avec de jeunes entrepreneures permet de questionner celles-ci, et de consolider leur envie de se lancer.

Les enjeux de l’association sont d’une part d’accélérer le développement de nos entreprises par la co-construction et l’entraide, grâce à nos compétences que nous mettons bénévolement au service du réseau. Et d’autre part la prise de mandats, c’est à dire la représentativité des femmes entrepreneures dans différentes instances. Je suis moi-même élue à la CCI de la Métropole, à la CCI Auvergne-Rhône-Alpes, au CESER, ainsi qu’au conseil de direction d’UIMM LYON-FRANCE.

C’est aujourd’hui la journée internationale des droits des femmes, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Nous constatons que malgré les mesures prises, la situation de l’entrepreneuriat féminin stagne. Je souhaiterais que tous les investissements et financements publics dans ce domaine soient soumis à des indicateurs de résultats, pour pouvoir améliorer l’accompagnement de l’entrepreneuriat.

La journée de la femme, c’est aussi l’occasion de prendre la parole sur quelques inégalités qui restent prégnantes, comme celle concernant les salaires. Il ne faut plus seulement en parler, mais être dans le concret, planifier des actions à mener.

Lorsque l’on est une femme chef d’entreprise, traite-t-on plus facilement des questions d’égalité femme-homme, d’équilibre vie privée/vie professionnelle au sein de sa société ?

En tant que dirigeant, il faut absolument avoir un regard sur sa propre entreprise concernant ces sujets.

Chez Maviflex, nous veillons à ce qu’il n’y ait aucun écart de salaire entre hommes et femmes à poste équivalent.

Nous travaillons également sur l’organisation du temps de travail. Par exemple, nous permettons à tous nos collaborateurs de pouvoir traiter une urgence sans être pénalisé. Ils disposent d’une souplesse de 2h, à rattraper ensuite, pour organiser s’occuper d’un enfant malade, ou effectuer une démarche administrative… Il est possible également, pendant une année scolaire, de rééquilibrer son temps de travail pour accompagner un enfant à une activité. Cet aménagement est demandé à 80% par des hommes, ce qui est une bonne nouvelle. C’est par le regard de cette nouvelle génération d‘hommes, qui ont envie de s’impliquer dans leur vie familiale, que l’on va aussi faire bouger les lignes de nos organisations de travail.

Nous fermons les bureaux et la production à 18h30, afin que tout le monde puisse vaquer à ses occupations personnelles et se ressourcer. Nous croyons que plus on se régénère à l’extérieur, plus on est créatif et productif dans l’entreprise. Nous essayons de mettre en place des dispositifs « gagnant-gagnant ».

Tout ce que l’on fait est valorisé par les résultats de l’entreprise, avec des indicateurs factuels : nous avons moins de 1% de turnover, et des indicateurs de résultat qui sont excellents et s’améliorent d’année en année. Tout démontre qu’un bon équilibre vie privée/vie professionnelle est un enjeu de développement efficace pour l’entreprise.

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