REEL, Groupe international lyonnais de 2 400 personnes, a choisi de traverser la crise sanitaire du COVID 19 en s’appuyant sur le dialogue social et la solidarité qui anime ses collaborateurs. Le 17 avril dernier, un accord de solidarité a été signé à l’unanimité avec toutes les organisations syndicales pour préserver la pérennité de l’entreprise et des emplois tout en garantissant la santé et la sécurité des salariés. Focus sur cet accord avec Luc Garnier, DRH du Groupe. 

Qu’est ce qui a motivé la mise en place d’un accord de solidarité chez REEL ?

Le 17 mars, nous avons stoppé une partie de l’activité. Puis nous avons décidé rapidement de la reprendre après avoir mis en place le télétravail là où c’était possible et bien sûr toutes les mesures barrière. Chez nos salariés, le niveau de stress était très fort. Il était généré par le discours anxiogène et guerrier de la mise en confinement.

Puis, il y a eu la polémique nationale sur les congés payés. Les salariés craignaient de devoir travailler pendant 6 mois d’affilée, sans prendre de vacances cet été. Enfin, nos cadres étaient mal à l’aise sur les inégalités d’indemnisation d’activité partielle entre eux, qui percevraient 100% de leur rémunération nette et les non cadres qui n’en percevaient que 84%. Le dialogue social a toujours été bon chez REEL et la solidarité fait partie de notre ADN… Nous avons très vite proposé de travailler avec les organisations syndicales sur un accord de solidarité.

Comment se sont déroulées les négociations ?

Nous avons commencé par faire de la pédagogie auprès des représentants du personnel. Avec le décompte, chaque jour, des morts sur les écrans TV, certains d’entre eux avaient vraiment peur de la maladie. Il a fallu expliquer le virus, sa propagation, quelles étaient les personnes les plus vulnérables, le rôle des mesures barrière… Via des statistiques, nous avons démontré qu’il y avait, certes, des risques. Mais que si la protection des salariés était bien assurée et en responsabilisant chacun d’entre nous, ils étaient limités. Nous avons même fait témoigner des salariés qui avaient repris le travail. Les représentants pensaient que nous voulions mettre l’économie d’abord et nous les avons convaincus que leur santé passait avant tout. Le climat s’est apaisé progressivement. Nous voulions que l’accord recueille l’unanimité des organisations syndicales et il a eu l’unanimité dans toutes les sociétés françaises du groupe.

Pouvez-vous détailler un peu plus le contenu de l’accord ?

Comme nous n’avions plus la possibilité de nous rencontrer physiquement, l’accord a tout d’abord autorisé l’usage de la visio conférence à 100%, pour tous les CSE d’établissement et le CSE central. Il permet également aux représentants du personnel d’aller au-delà du quota habituel fixé à 50% de report d’heures de délégation, pendant les mois de la crise.

Ensuite, il s’agissait de rendre la rémunération équitable entre salariés pendant les temps d’activité partielle. Les indemnisations d’activité partielle de l’ensemble des salariés ont été lissées à 80% du brut, soit près de 94% du net, en dérogation de l’accord de branche. L’entreprise contribue financièrement et largement à ce lissage.

PHOTO d'une FORMATION via TEAM

L’accord fixe également le principe de profiter des périodes d’activité partielle pour former les salariés et leur permettre d’acquérir de nouvelles compétences (par e-learning ou formations distancielles).

Puis, nous avons négocié sur les congés payés 2020. Pour que REEL soit opérationnel au moment de la reprise d’activité, l’accord positionne 2 semaines de congés payés minimum, garanties à tous sur juillet ou août, une semaine supplémentaire avant fin octobre qui peut être accolée aux deux semaines d’été et la 5ème semaine fin mai pour la majorité des établissements. Cette organisation nous permet d’être également en phase avec les principes du chômage partiel.

Enfin, une clause de revoyure sur les NAO (Négociations annuelles obligatoires) a été intégrée à l’accord. Nous venions de démarrer les NAO juste avant le confinement, il était plus pertinent de les reprendre après la crise, pour pouvoir les adapter aux besoins ultérieurs, sur la base du bilan précis des mesures mises en œuvre.

En quoi consiste le principe de création du fond de solidarité inclus dans l’accord ?

Cet accord n’a surpris personne chez nous. L’esprit de solidarité a toujours été très actif. De nombreux salariés ont par exemple donné récemment une partie de leurs congés payés pour un collaborateur qui devait s’occuper de son enfant malade ou encore les cotisations salariales de mutuelle sont un peu plus élevées pour les cadres avec un niveau de protection identique aux non cadres.

Dans cette situation de crise, nombreux étaient les collaborateurs qui voulaient être solidaires les uns des autres. Le principe de la création d’un fonds a donc été posé. Les collaborateurs peuvent y verser des jours de congés payés et l’entreprise abonde à hauteur de 50%. Ce fonds, destiné à mettre en place les mesures de solidarité de l’après crise pourra par exemple compenser des pertes de salaires ou encore des frais de gardes d’enfants. Il sera adapté à chaque établissement, selon les besoins et il donnera lieu à un nouvel accord qui sera signé dans la sérénité après la crise.

Quel est l’impact sur le dialogue social et comment les salariés vivent-ils la situation aujourd’hui ?

Cet accord avait pour but d’expliquer et de responsabiliser chacun d’entre nous et son impact est bien sûr positif.  Chez REEL, la démarche est apparue complètement naturelle. Alors, bien sûr les salariés sont encore déboussolés par la pandémie et par sa gestion. Mais a priori, ils semblent plutôt rassurés par cet accord, notamment sur les congés payés. L’année 2020 sera difficile, on le sait, mais la solidarité et cet accord nous permettront de passer le cap.

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