Plus que jamais, les industriels ont besoin de prendre du recul, d’échanger, de confronter leurs visions. Depuis près de 2 ans, la Dynamique Prospective Industrie initiée par la FIM, l’UIMM Lyon et le CETIM accompagne les industriels dans leurs réflexions stratégiques. Parce qu’une entreprise ne peut analyser seule tous les signaux faibles de son environnement, les rencontres Prospective stimulent l’intelligence collective pour préparer ensemble le futur de l’industrie. Regards croisés de dirigeants sur cette démarche.

Vous avez participé à la dernière Rencontre de décembre dernier. Il s’agissait d’une restitution des signaux faibles. Comment percevez-vous ces rencontres Prospective ?

Patrick Thollin, Président du directoire ELECTRICFIL AUTOMOTIVE

Le titre des Rencontres Prospective est déjà une invitation à réfléchir à l’avenir. Ces rencontres aident les dirigeants à prendre de la hauteur pour suivre l’évolution des affaires à la lumière des informations nouvelles, étonnantes voire décapantes qui sont partagées… c’est une sensibilisation des dirigeants à l’évolution du monde. On nous donne des pistes de solution pour imaginer un autre avenir pour le collectif et pour l’entreprise, avec un côté découvreur d’opportunités pour rebondir par temps de crise…

Vincent BOUTHORS, Président Kaeser France

Ces rencontres ont une approche à la fois diversifiée, complémentaire et transversale dans une vraie vision de prospective. Des experts ont ausculté notre environnement et nous ramènent l’essentiel. L’analyse est fouillée, ancrée dans le réel avec des sujets rarement abordés. Je ne m’attendais pas à un format aussi intéressant et audacieux. Les projections proposées apparaissent comme de la science-fiction, sauf qu’il s’agit bien de la réalité. Les animateurs n’ont pas peur de dire ce qu’il peut se produire …Nous vivons dans une société où le kitch et les fake news prennent souvent le pas sur le sérieux. On va s’ébahir sur le métavers et ne pas parler de l’appauvrissement de certaines ressources ou bien des enjeux militaires qui ont des impacts forts sur notre quotidien.

Céline Hugot, Président de VIOLLET INDUSTRIES

Elles mettent le doigt sur les signaux faibles que nous ne voyons pas venir et dont nous n’avons parfois même pas conscience. Aujourd’hui, personne n’aborde les signaux faibles avec un tel éventail d’exploration. En plus, ces réunions sont très concises.  En 4 heures, tous les sujets sont abordés. On n’a jamais l’impression de perdre notre temps. C’est pour moi un concentré d’idées.

Après la présentation des signaux clés par thématique, la parole est à chacun. Que pensez-vous de la façon d’aborder les sujets et les ateliers d’échanges proposés tout au long de la présentation ?

V.B. Mettre les participants à contribution est très intéressant. Il y a de l’interactivité tout au long de la séance. Nous venons souvent d’univers très différents. Les échanges sont d’autant plus riches et instructifs. Ces rencontres sont organisées par la FIM, l’UIMM et le CETIM, ce ne sont pas des partenaires de surface. On sait que ce qui va nous être présenté, c’est du concret. Les experts qui interviennent ont rencontré des experts sur le terrain et nous remontent des approches solides sur la base desquelles on peut échanger.

C.H. Pour moi, ces réunions sont un creuset d’expertises. Des experts qui interviennent sur un sujet précis et des participants, experts dans leurs domaines, qui échangent ensuite sur leurs bonnes pratiques. Ce mélange de descendant et d’échanges est extrêmement enrichissant ! Ces temps d’échange nous paraissent toujours trop courts pour nous qui sommes des passionnés. Ces réunions sont source d’une vraie richesse qu’on reçoit tous ensemble. Et c’est ce qui est intéressant.

P.T. Ces réunions sont foisonnantes avec des considérations très larges, géopolitiques, techniques et financières. Nous savons que nous sommes dans la décennie de tous les dangers… Les discours sont intéressants et fouillés. C’est excellent de travailler par petits groupes sur cette base.

Que retirez-vous concrètement de ces rencontres pour votre entreprise ?

P.T. EFI automotive est positionné sur le marché automobile. Nous subissons aujourd’hui une évolution technologique à marche forcée, face à laquelle il nous faut être réactif. Ces évènements nous éclairent sur les perspectives du monde, les opportunités qu’il offre et les voies de diversification possibles. Je suis président du conseil de surveillance. Mon rôle est de donner de la visibilité aux orientations stratégiques de l’entreprise. Ces réunions contribuent à forger mon opinion sur la marche du monde et celle des affaires. Ils permettent de nous ajuster stratégiquement.

C.H. Lors d’une rencontre, j’ai appris qu’il y avait du stock de terres rares comme le lithium pour des centaines d’années encore. Mais j’ai aussi appris que nous allions manquer de cuivre d’ici 20 ans. C’est un temps court pour une entreprise. Le cuivre est présent dans de nombreuses productions. J’ai décidé d’anticiper et de rechercher d’ores et déjà d’autres types de traitement. Ces réunions font également émerger des débouchés, de nouveaux marchés et de nouveaux potentiels.

V.B. Les points de vue partagés viennent confirmer nos choix stratégiques, comme la RSE, la décarbonation de notre production, ou encore l’efficacité énergétique. Nous avons engagé un projet d’entreprise autour de l’Human to human. La robotisation et la numérisation des activités impactent fortement les rapports humains. Les analyses tendancielles présentées en décembre démontrent que nos nouveaux outils sont des stimuli perturbants et déstructurants pour nos collaborateurs. Il y a vraiment urgence à remettre du sens au travail.  Les entreprises qui auront anticipé ce phénomène s’en sortiront moins mal que les autres.

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