Auvergne-Rhône-Alpes est un territoire majeur pour le secteur ferroviaire français. Le dynamisme de ses acteurs s’incarne depuis 2015 dans une démarche collective qui fédère les nombreuses entreprises de la région positionnées sur le marché . Focus sur ce réseau, créé par les industriels eux-mêmes.

L’idée de structurer  le secteur ferroviaire en région, a été impulsée par quelques entreprises du territoire. Alstom Transport, Howden Solyvent Ventec, JST Transformateurs, CMS Industrie, Transrail Boige & Vignal, Vision Systems, Cirly et Centralp étaient à l’initiative de cette création avec trois objectifs : partager de l’information stratégique sur la filière, échanger sur des enjeux communs et identifier des perspectives de travail.

A ce jour, 150 acteurs industriels ont été identifiés en région, des donneurs d’ordre et des cotraitants qui interviennent aussi bien sur les infrastructures que sur le matériel roulant. Mais l’objectif est de s’ouvrir à toutes les entreprises de la région présentes sur le marché ferroviaire et d’aboutir à une montée en puissance du réseau. « Nous avons découvert qu’il existait beaucoup d’acteurs qui intervenaient dans le ferroviaire, nombreuses sont les entreprises qui travaillent dans l’ombre des gros donneurs d’ordre ». Explique Rolland Martin, Vice-Président de JST – Traction Transformers. Mais ce réseau doit aussi permettre aux entreprises de détecter leurs propres potentiels. Aujourd’hui le dynamisme de l’aéronautique et de l’automobile sur le territoire est un atout considérable pour la filière ferroviaire. « Ces métiers sont en définitive très proches. Beaucoup d’industriels ont vocation à évoluer sur les 3 secteurs : ferroviaire, aéronautique et automobile. A l’instar de Vision Systems qui était positionné sur l’automobile et qui s’est ouvert progressivement à l’aéronautique puis au ferroviaire. Les compétences sont très souvent transférables. Un énorme potentiel est à venir pour les industriels de la région et le réseau est une véritable opportunité pour eux ». Précise Pierre Denuelle, expert dans le secteur du Ferroviaire et impliqué dans le réseau.

Le développement commercial : 1er fer de lance

Le premier axe de travail du réseau : le développement commercial, essentiellement à l’export et notamment sur l’Europe Occidentale, le Maghreb, le Moyen Orient et l’Inde.  « Afrique du Sud, Inde, Kazakhstan…autant de pays en forte croissance sur ce marché. Nous n’avons pas tous la taille critique pour connaitre les spécificités de ces pays. Une collaboration interentreprises permet un partage d’information, voire la désignation d’ambassadeurs chargés de capitaliser les informations stratégiques par pays et/ou projets et d’en alerter la communauté. » Témoigne un des membres du réseau. L’enjeu principal de ce réseau est de gérer la diversité des acteurs. Chacun, avec son positionnement et ses spécificités doit trouver un intérêt à le faire vivre. Pour Pierre Denuelle, « L’idée est de développer les exportations du réseau, en s’appuyant sur des actions de coopération qui permettraient de prospecter avec des moyens mutualisés et des offres globales. On est dans une région où les gens coopèrent. Ils sont dans une démarche collaborative. C‘est un vrai point fort pour le secteur».

La mutualisation au service de l’innovation

Les PME vont pouvoir stimuler leur innovation en partageant au sein du réseau. Elles pourront réfléchir ensemble pour faire naitre de nouveaux projets. Les sujets d’innovation ne manquent pas dans le monde du ferroviaire. Quatre thématiques ont été identifiées et pourront faire l’objet de projets collaboratifs : le confort (bruit, vibration, connectivité usager), l’allègement du matériel roulant (nouveaux matériaux, écoconception), la signalisation embarquée, ainsi que la maintenance prédictive qui fédère les gros industriels et les PME et qui sera le premier sujet de réflexion. Pour un membre du réseau : « Les équipements ferroviaires font l’objet de nombreuses normes souvent spécifiques au pays de destination. Et le champ de l’innovation y est intimement lié. La mutualisation de compétences au sein du réseau permet de mieux exploiter les connaissances de chacun en fonction des expertises identifiées. »

Le levier de succès du réseau : une communauté solidaire

La mise en place du réseau passera par la construction d’une véritable communauté avec un noyau dur, solidaire et pérenne. Le secteur ferroviaire est un secteur « lourd », à cycle long et exige beaucoup d’anticipation. Demain, c’est déjà aujourd’hui dans le ferroviaire. Par exemple, la Deutsche Bahn prévoit des trains sans conducteur dès 2023 ! L’effet réseau permettra d’anticiper par le partage d’information et de stimuler la motivation nécessaire. Pour Pierre Denuelle « Les initiatives émergeront et permettront de former spontanément des groupements d’entreprise pour se développer ensemble à l’export ou pour booster leur innovation ».

Le prochain temps fort de la communauté est prévu le 8 février prochain : Business opportunities in the railway area. Les membres du réseau misent beaucoup sur cette première convention d’affaires qui favorisera les contacts et les mises en relation et stimulera « le business » !

Les chiffres clés

  • L’Europe, c’est 50% du marché mondial
  • L’industrie ferroviaire européenne détient 46% du marché mondial
  • 160 Mds € c’est la production d’actifs ferroviaires dans le monde, dont 60 Mds € réalisés par les exploitants des réseaux et 100 Mds € qui font l’objet d’appels d’offres ;
  • Signalisation : + 23% / an en Europe de 2013 à 2023
  • Transports urbains : + 5.2%: an entre 2015 et 2025
  • Le ferroviaire en Afrique, Moyen Orient et Amérique du Sud devrait être X 2 d’ici 2023