Après Shangaï en 2021, la Métropole de Lyon accueillera du 13 au 16 septembre 2023, les WorldSkills, une compétition internationale qui se tient tous les deux ans. Près de 1600 jeunes de moins de 23 ans, issus de 82 pays, vont démontrer leur talent dans près de 60 métiers, dont des métiers industriels. Questions à Bruno Voland, Président d’UIMM LYON-FRANCE qui a porté et défendu la candidature de Lyon avec détermination.

Le 21 août dernier, à Kazan, l‘Assemblée Générale de l’organisation mondiale WorldSkills a choisi la Métropole de Lyon pour organiser les Olympiades des métiers de 2023. Pour quelles raisons ?

Après la compétition de 1995 qui s’était déroulée à Lyon, la ville avait présenté deux fois sa candidature, sans succès. Nous en avons tiré les enseignements. Pour cette édition, la motivation et la force de conviction pour accueillir la compétition WorldSkills 2023, sous le haut patronage du Président de la République étaient telles qu’elles ne pouvaient aboutir qu’au succès ! Une première présentation au COFOM* en 2018 a permis de lancer sur la voie du succès le dossier de Lyon. Avec sa dimension internationale, la Métropole répondait à toutes les exigences du COFOM en termes de logements, de transports, d’infrastructures.

Pas moins de 140 000 m² d’exposition sont nécessaires à l’événement et seuls deux sites en France en sont équipés, Villepinte à Paris et Lyon à Eurexpo ! Ensuite, des acteurs lyonnais et nationaux se sont fortement mobilisés. UIMM LYON-FRANCE a été une des premières organisations professionnelles à porter et défendre cette candidature, auprès de la Métropole de Lyon, qui a très vite à son tour soutenu le projet. Derrière, toutes les organisations professionnelles, le bâtiment, la restauration, le MEDEF, la CMA, CPME, CCI…se sont ralliées rapidement à la démarche.

Pourquoi la candidature de Lyon pour les WorldSkills vous tenait-elle tant à coeur ? 

Je suis Compagnon du devoir. La recherche de l’excellence est pour moi un fil conducteur. Cette envie d’aller toujours plus loin dans les savoir-faire m’a conduit très vite à m’investir dans les Olympiades des métiers. J’ai participé, en tant qu’expert international pour le COFOM, au concours de chaudronnerie, le sheet metal works en 1991 à Amsterdam, en 1993 à Taipei, puis en 1995 à Lyon. Et depuis un an je suis membre du bureau du COFOM. J’entends faire des WorldSkills à Lyon une vitrine de l’excellence des métiers.

Quelles retombées en attendre pour Lyon et pour l’industrie ?

 Il s’agit d’une formidable opportunité pour la Métropole de Lyon, son attractivité, son rayonnement mais aussi son tissu économique. La compétition des WorldSkills, c’est près de 90 M€ de budget. 6000 chambres d’hôtel sont déjà préservées. Il y aura également, à Lyon, l’organisation, de compétitions intermédiaires, comme la finale nationale pour la compétition internationale de Shangaï en 2021, du 8 au 10 octobre 2020.

Lyon sera la capitale mondiale de la formation et des compétences en 2023. Pas moins de 56 métiers seront représentés. Et à l’heure de la réforme, de la formation professionnelle, du développement de l’apprentissage et des métiers du futur, ces Olympiades des métiers démontrent que la voie professionnelle, l’apprentissage, sont des voies d’excellence …L’industrie doit prendre sa place dans ce laboratoire qui permet de mettre en lumière nos métiers.

Cette compétition est primordiale car elle touche du doigt les problématiques économiques actuelles et propose des solutions. Elle est tout d’abord un événement clé dans la mise en lumière de la formation professionnelle et de l’importance de la bonne orientation de notre jeunesse. Changer l’image des métiers et des filières de formation.

Comment les entreprises industrielles peuvent-elles s’emparer de cet événement ?

L’industrie française a besoin de ce type d’événement. Jusqu’à présent, elle avait peu investi ces compétitions, à la différence de la Chine et de la Russie qui en ont très vite compris l’intérêt. La France est absente sur de nombreux métiers industriels comme la mécatronique, la robotique mobile, l’automatisation. Nous industriels, nous devons mobiliser. L’enjeu va au-delà des métiers, il est concurrentiel. Le cahier des charges des métiers est résolument tourné vers le futur. Nous pouvons faire valoir au monde entier nos savoir-faire, nos technologies et notre capacité d’innovation. Cet événement peut permettre aux entreprises françaises de se positionner sur de nouveaux marchés.

C’est une compétition tournée vers l’avenir. Elle a pour objectif d’utiliser la mondialisation pour optimiser le professionnalisme dans lequel nous évoluons.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Le COFOM a ouvert un bureau à Lyon. Nous allons travailler tous ensemble pour sensibiliser les entreprises, les pôles de formation, les formateurs qui doivent intégrer les WorldSkills dans les cursus de formation, mais aussi les jeunes. Nous devons leur donner envie de participer en mettant en avant l’extraordinaire vécu de l’expérience, le mélange et la découverte d’autres approches, d’autres cultures. Et en leur démontrant que c’est une opportunité, un levier pour leurs futures carrières.

D’ores et déjà, j’engage les entreprises à se mobiliser en recrutant des apprentis et en les encourageant à participer à la compétition. Mais elles peuvent aussi devenir mécènes de l’évènement, dans le cadre d’un mécénat classique ou bien d’un mécénat de compétences pour mettre à disposition des moyens, des ressources et des savoir-faire dont le COFOM aura besoin organiser l’événement.

* Comité Français des Olympiades des Métiers

Worldskills 2019 Kazan

Bruno Voland accompagné de l’équipe de France lors de la Worldskills Competition à Kazan en 2019.

Les Olympiades des métiers (Worldskills Competition) permettent aux meilleurs jeunes professionnels du monde entier de se mesurer lors d’une compétition Internationale, organisée sur un même site donnant ainsi une vision globale et concrète des et compétences aujourd’hui dans les secteurs de l’économie.

Chiffres clés

  • 70 ans que la France a pris part au mouvement Worldskills
  • 45 éditions
  • 23 ans : l’âge maximum pour participer aux Worldskills
  • 56 métiers représentés
  • 82 pays présents

En savoir plus : Worldskills France